Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’État depuis 1844, les travaux exécutés par les particuliers, tenez le compte le plus modéré des économies résultant du temps et de la durée, et ce sera par des milliards qu’il faudra remplacer les 200 millions, évaluation contenue dans le rapport officiel M a la Chambre des députés en 1845.

« Prisez-vous surtout, Messieurs les commissaires, la grandeur et la magnificence, quand elles sont unies à l’utilité ? Eh bien cherchez, et, dans le monde entier, vous ne trouverez pas un travail qui réunisse à un plus haut degré ces qualités, que celui dont on est redevable à un élève théoricien de notre ancienne École. Une ville du Midi était, de temps immémorial, privée de l’eau nécessaire à la consommation de ses habitants, à la salubrité de ses places, de ses rues ; sa campagne était brûlée par le soleil ! Un homme conçoit la pensée hardie de conduire dans cette ville déshéritée, non plus de simples filets de liquide, mais une partie notable d’un fleuve qui, prenant sa source dans les Alpes, n’était connu jusque-là que par les ravages qu’il occasionnait dans son cours torrentiel. Mais, si l’art moderne ne devait pas reculer devant l’exécution de cette idée, elle semblait au-dessus des nécessités du budget ; il fallait, en effet, que le lit artificiel, devenant en quelque sorte aérien, traversât une large vallée, à la hauteur de 88 mètres, c’est-à-dire le double de la hauteur de la colonne de la place Vendôme. Ce projet, d’une réalisation en apparence si difficile, est exécuté, grâce à l’audace et à l’habileté pratique de M. Montricher. L’aqueduc de Roquefavour, construit par les moyens les plus ingénieux, où l’on voit partout ce