Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/88

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qui jadis eût été un obstacle, devenir un principe de réussite, laisse bien loin derrière lui les plus beaux ouvrages exécutés par les Romains, même le célèbre pont du Gard ; la Durance, enfin, à qui la nature avait semblé tracer son lit pour l’éternité, verse une grande partie de ses eaux dans la magnifique ville de Marseille, et, à la grande satisfaction de ses habitants, va porter la fraîcheur et la fécondité dans des campagnes qui semblaient vouées à une éternelle stérilité.

« Enfin, se fût écrié notre ami, je ne veux laisser dans l’obscurité aucune face de la question ; je sais que la difficulté vaincue est ce qui frappe particulièrement les hommes, et qu’on prétend réserver le privilége de renverser les obstacles imprévus à des ingénieurs purement praticiens ; faites avec moi une petite excursion à Alger, et vous y verrez d’anciens élèves de l’École, malgré les prétendues indigestions de mathématiques, de physique et de chimie auxquelles on les avait astreints dans leur jeunesse, réussir dans les plus difficiles des entreprises, dans les constructions à la mer. Tout nous porte à espérer que la régence d’Alger est définitivement réunie à la France et que cette côte inhospitalière ne verra plus des forbans, d’infâmes pirates, sortir furtivement de ses ports, de ses anses, de ses criques, et se précipiter comme des bêtes fauves sur les pacifiques navires du commerce qui sillonnent la Méditerranée. En tous cas, à l’exemple des peuples de l’antiquité, nous aurions laissé dans le nord de l’Afrique des monuments de notre puissance dignes de l’admiration des siècles. Citons en particulier le môle d’Alger, construit par 16 mètres de profondeur d’eau. Ce