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ASTRONOMIE POPULAIRE.

qu’on y ait jamais employé un miroir pour découvrir les objets éloignés.

On voit sous quel point de vue les admirateurs enthousiastes des anciens pourraient soutenir que l’invention du télescope à réflexion, en tant qu’appliquée à l’observation des objets terrestres, serait de la plus haute antiquité. Du reste, il est certain que chez les Romains on connaissait parfaitement la propriété dont jouissent les miroirs concaves, de former à leur foyer des images remarquables par leur grandeur et par leur éclat. Je pourrais le prouver clairement par plusieurs passages empruntés aux Questions naturelles de Sénèque. Mais un sentiment de décence m’empêche de rapporter ce que dit à ce sujet le philosophe romain.

Divers auteurs rapportent qu’Archimède incendia, à l’aide des rayons du soleil, la flotte de Marcellus pendant le siége de Syracuse, et que Proclus, dans le Ve siècle, se servit d’un moyen analogue pour incendier la flotte ennemie durant le siége de Constantinople. On a induit de ces faits, vrais ou imaginaires, que les anciens avaient porté l’art de construire des miroirs bien au delà de tout ce que les modernes sont parvenus à exécuter. Mais c’est là une conclusion hasardée. Les deux incendies dont parlent les historiens ont pu être engendrés par la réunion en un même foyer des rayons solaires réfléchis par une série de miroirs disposés comme nous l’avons dit plus haut (chap. iii, p. 74). C’est ce qui a été démontré d’abord par le père Kircher, ensuite par Hartsoeker, enfin et surtout par Buffon. On sait que le miroir brûlant de ce célèbre naturaliste était composé de 168 glaces