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ASTRONOMIE POPULAIRE.

trompait pas moins quand il admettait qu’une émeraude de cette espèce aidait toutes sortes de vues, car personne n’ignore à présent qu’un presbyte, pour voir de près, doit nécessairement regarder au travers de surfaces convexes. L’invention des besicles ne saurait donc être attribuée aux anciens. Quelques auteurs italiens rapportent que les besicles furent inventées vers 1280 par un banquier florentin nommé Salvino degli Armati. Ils en donnent pour preuve une inscription placée sur la tombe de ce banquier, mort en 1317. Mais quelle authenticité peut avoir aux yeux des savants une inscription inspirée par la reconnaissance d’une famille, ou seulement peut-être par le caprice d’un graveur de lettres ?

Au reste, cette inscription a été détruite ; elle n’existe plus. Il est évident, comme on va le voir par des citations d’ouvrages imprimés, que les besicles existaient en 1305, et il paraît certain que ce fut en Italie qu’on les inventa.

Gordon, professeur de médecine à Montpellier, disait dans un ouvrage publié en 1305 : « Ce collyre a une telle vertu, qu’il peut mettre un vieillard en état de lire les caractères les plus fins sans le secours des lunettes. » (Ameilhon, Acad. des inscript., t. XLII.)

Suivant le même auteur, Guy de Chauliac, en 1363, dans son livre intitulé la Grande chirurgie, indique des recettes pour la vue, puisqu’il ajoute : « Si ces collyres ne réussissent pas, vous aurez recours aux lunettes. »

L’invention des besicles, avec laquelle nous nous familiarisons dès notre enfance et dont nous jouissons sans y penser, mérite peut-être le premier rang parmi les divers moyens dont l’industrie humaine s’est avisée pour com-