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LIVRE IV. — HISTOIRE DES INSTRUMENTS.

lumière était la vraie, l’unique cause de cette blancheur lactée, à peu près circulaire, qui a été l’objet de tant de suppositions singulières au sein des nations civilisées et chez les peuples barbares.

Nous savons aujourd’hui que l’explication est exacte en grande partie ; mais il ne répugne pas de supposer que Démocrite la découvrit par voie conjecturale et sans le secours d’aucune observation directe.

Le même philosophe disait : « Les taches de la lune sont les ombres que projettent des montagnes excessivement élevées. » Ici, on pourrait d’autant moins supposer des observations faites par Démocrite que les taches proprement dites, que les taches visibles à l’œil nu, ne sont pas des ombres de montagnes ; la plus faible lunette le démontre avec évidence.

Un passage de Strabon constitue le plus fort argument sur lequel se soient appuyés les admirateurs aveugles de l’antiquité, pour établir que l’invention des lunettes n’appartient pas aux modernes. Le célèbre géographe s’étant demandé pourquoi le soleil paraît plus grand à son lever et à son coucher, répond en ces termes : « Cela vient des vapeurs qui s’élèvent des eaux de la mer, et au travers desquelles les rayons visuels se brisent comme s’ils passaient par des tuyaux. »

Mais d’après l’opinion unanime des plus célèbres hellénistes, Vossius, Coray, Hase, etc., ce passage a été altéré par les copistes. Après l’avoir rectifié, Coray et La Porte du Theil en ont donné la traduction suivante, dans laquelle toute allusion à des lunettes, à des tuyaux, a totalement disparu :