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LIVRE XI. — NÉBULEUSES.

Derham n’est pas moins explicite : la lumière des nébuleuses ne saurait être pour lui celle d’une agrégation d’étoiles. Il va même jusqu’à se demander si, comme beaucoup de savants le croyaient jadis, il n’y aurait pas au delà de la sphère des étoiles les plus éloignées, une région entièrement lumineuse, un ciel empyrée, et si les nébuleuses ne seraient pas cette région éclatante, vue à travers une ouverture, une brèche (chasm) de la sphère (probablement cristalline) du premier ciel mobile.

Voltaire fait mention de l’opinion de Derham dans un de ses ingénieux romans :

« Micromégas, dit-il, parcourt la voie lactée en peu de temps ; et je suis obligé d’avouer qu’il ne vit jamais, à travers les étoiles dont elle est semée, ce beau ciel empyrée que l’illustre vicaire Derham se vante d’avoir vu au bout de sa lunette. Ce n’est pas que je prétende que M. Derham ait mal vu, à Dieu ne plaise ! Mais Micromégas était sur les lieux ; c’est un bon observateur, et je ne veux contredire personne. »

On ne pouvait faire une critique de meilleur ton de la bizarre conception de Derham. Je m’étonne seulement que Voltaire, qui savait tout, ne se soit point rappelé que l’auteur de la Théologie astronomique n’était pas l’inventeur de l’empyrée. Anaxagore prétendait que les régions

    qui professait l’incrédulité religieuse presque publiquement. « Ces nébuleuses, écrivait l’ami de Newton, répondent pleinement à la difficulté que diverses personnes avaient élevées contre la description de la création donnée par Moïse, en disant qu’il est impossible que la lumière ait été engendrée sans le soleil. Les nébuleuses montrent manifestement le contraire ; plusieurs n’offrent, en effet, aucune trace d’étoile à leur centre. »