Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/606

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je rapporterai d’abord une expérience qui montre, bien mieux que toutes les observations, fruits du hasard, ne sauraient le faire, à quel point les éclipses peuvent effrayer les animaux.

Un habitant de Perpignan priva, à dessein, son chien de nourriture, à partir de la soirée du 7 juillet. Le lendemain matin, au moment où l’éclipse totale allait avoir lieu, il jetât un morceau de pain au pauvre animal, qui commençait à le dévorer, lorsque les derniers rayons du Soleil disparurent. Aussitôt le chien laissa tomber le pain ; il ne le reprit qu’au bout de deux minutes, après la fin de l’obscurité totale, et le mangea alors avec une grande avidité.

Un autre chien se réfugia entre les jambes de son maître, au moment où le Soleil s’éclipsa.

Quatre à cinq pages ne suffiraient pas si je voulais reproduire ici tout ce qui m’a été raconté concernant des chevaux, des bœufs et des ânes qui, attelés à des charrues, à des charrettes, ou portant des fardeaux, s’arrêtèrent tout court quand l’éclipse totale arriva, se couchèrent et résistèrent obstinément à l’action du fouet ou de l’aiguillon. Quant aux chevaux de diligence qui couraient sur les routes au moment de l’éclipse, ils donnèrent tout aussi peu d’attention au phénomène que les locomotives des chemins de fer. Je ne puis avoir aucun doute sur ce fait curieux, car M. Fabre, mon compatriote, chef d’une entreprise de voitures publiques, avait recommandé aux conducteurs d’observer attentivement l’allure des attelages au moment où arriverait l’obscurité totale.