Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/607

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Dans une campagne dont je ne retrouve pas le nom, des poules, au moment de l’éclipse totale, abandonnèrent subitement le millet qu’on venait de leur donner et se réfugièrent dans une étable.

Au Mas de l’Asparrou, les poules se trouvant loin de toute habitation, allèrent se grouper sous le ventre d’un cheval.

Une poule entourée de poussins s’empressa de les appeler et de les couvrir de ses ailes.

Des canards qui nageaient dans une mare ne se dirigèrent pas, au moment de la disparition du Soleil, vers la métairie assez éloignée d’où ils étaient sortis deux heures auparavant ; ils se massèrent et se blottirent dans un coin.

À la Tour, chef-lieu de canton dans les Pyrénées-Orientales, un habitant avait trois linotes. Le 8 juillet, de grand matin, en suspendant à la fenêtre de son salon la cage qui renfermait les trois petits oiseaux, il remarqua qu’ils paraissaient très-bien portants ; après l’éclipse, un d’entre eux était mort. Faut-il croire que la linote se tua en heurtant avec force, dans un moment de frayeur, les barreaux de la cage ? Quelques faits observés ailleurs rendront cette supposition probable.

Les insectes eux-mêmes n’échappèrent pas aux impressions que l’éclipse produisit sur les quadrupèdes et sur les oiseaux. Je transcrirai ici une note qui m’a été remise par M. Fraisse aîné, de Perpignan :

« Je m’étais assis devant un petit sentier, tracé par des fourmis que le hasard me fit rencontrer. Elles travaillaient avec leur vivacité accoutumée ; toutefois, à