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qu’on en a déduits méritent au plus haut degré de fixer l’attention, car ils nous éclairent sur l’état primitif du globe terrestre et sur les effroyables révolutions physiques qu’il a éprouvées à des époques éloignées séparées par des intervalles de tranquillité.

Parmi ces grands phénomènes, la question de l’âge relatif des différentes chaînes de montagnes européennes a été résolue avec une lucidité et une rigueur de méthode qui fait le plus grand honneur à M. Élie de Beaumont.

C’est une opinion presque généralement admise maintenant, que les montagnes se sont formées par voie de soulèvement, qu’elles sont sorties du sein de la Terre en perçant violemment sa croûte, en sorte qu’il y a eu peut-être une époque où la surface du globe ne présentait aucune aspérité remarquable.

Depuis que cette grande vue a été adoptée, des difficultés jusque-là insurmontables ont disparu de la science. On voit, par exemple, qu’on peut expliquer la présence des coquillages au sommet des plus hautes montagnes, sans supposer que la mer les ait recouvertes dans leur état actuel. Il suffit de dire, en effet, que ces montagnes, en sortant du sein des eaux, ont soulevé avec elles et porté à 3 000 ou 4 000 mètres de hauteur les terrains, déposés par la mer, dont les points de leur émersion se trouvaient recouverts.

Dès que le géologue a admis la formation des montagnes par voie de soulèvement, une foule de recherches intéressantes s’offrent à lui : il doit se demander, par exemple, si toutes les grandes chaînes ont surgi à la