Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/122

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voit près des côtes de France ; après avoir pris note de l’intervalle d’environ trois heures qui s’écoule depuis le moment de la haute mer à Payta jusqu’au moment de la haute mer au Callao, on ne pourra soutenir que la question des marées soit épuisée, malgré les beaux travaux des géomètres dont nous avons rendu compte. Il faut encore expliquer de quelle manière des obstacles invisibles, les inégalités du fond de la mer agissent sur la vitesse des vagues et sur leur hauteur.

Quoi qu’il en soit, le problème des marées, pour toutes les circonstances directement utiles à la navigation, a été résolu admirablement par Laplace. Le grand géomètre ne s’est pas borné d’ailleurs à perfectionner la théorie mathématique du phénomène ; il l’a envisagée sous un jour entièrement nouveau ; c’est lui qui le premier a traité de la stabilité de l’équilibre des mers.

Les systèmes de corps solides ou liquides sont sujets à deux genres d’équilibre qu’il faut soigneusement distinguer. Dans le premier, dans l’équilibre ferme ou stable, le système, légèrement écarté de sa position primitive, tend sans cesse à y revenir. Dans l’équilibre instable, au contraire, un ébranlement très-faible à l’origine, peut à la longue causer un déplacement énorme.

Si l’équilibre des flots est de cette dernière espèce, les vagues engendrées par l’action des vents, par des tremblements de terre, par des mouvements brusques du fond de la mer, ont pu s’élever dans le passé, elles pourront s’élever dans l’avenir jusqu’à la hauteur des plus hautes montagnes. Le géologue aura la satisfaction de puiser dans ces oscillations prodigieuses des explications