Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/610

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la peau des nègres, de telle sorte que tout alors paraît blanc. On ignore quelle est la nature de ces particules ; on sait seulement que le vent ne les entraîne sur l’Océan qu’à une petite distance des côtes ; à une lieue en mer, par exemple, le brouillard est déjà très-affaibli ; à trois lieues il n’en reste plus de traces, quoique l’harmattan s’y fasse encore sentir dans toute sa force.

L’extrême sécheresse de l’harmattan est un de ses caractères les plus tranchés. Si ce vent a quelque durée, les branches des orangers, des citronniers, etc., se dessèchent et meurent ; les reliures des livres (et l’on ne doit pas en excepter ceux-là même qui sont placés dans des malles bien fermées et recouverts de linge) se courbent comme si elles avaient été exposées à un grand feu. Les panneaux des portes et des fenêtres, les meubles dans les appartements craquent et souvent se brisent. Les effets de ce vent sur le corps humain ne sont pas moins évidents. Les yeux, les lèvres, le palais, deviennent secs et douloureux. Si l’harmattan dure quatre ou cinq jours consécutifs, les mains et la face se pèlent. Pour prévenir cet accident, les Fantee se frottent tout le corps avec de la graisse.

Après tout ce que nous venons de rapporter des fâcheux effets que produit l’harmattan sur les végétaux, on pourrait croire que ce vent doit être très-insalubre : c’est cependant tout l’opposé qu’on a observé. Les fièvres intermittentes, par exemple, sont radicalement guéries au premier souffle de l’harmattan. Ceux que l’usage excessif qu’on fait de la saignée dans ces climats avait exténués, recouvrent bientôt leurs forces ; les fièvres rémittentes et