Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/793

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blait une science, qu’il se hasarda à faire des prédictions à court terme, c’est-à-dire des prédictions pour lesquelles il pouvait être démenti de son vivant. Par exemple, cet astrologue prédit la mort de Gassendi pour la fin de juillet 1650, « mais jamais, » dit le chanoine de Digne, « je ne me suis mieux porté qu’à la date fatale marquée par la prédiction de Morin. »

Vallenstein, le célèbre général de la guerre de Trente ans, était un grand amateur d’astrologie. Mécontent de Kepler, qui ne lui fournissait pas assez de prédictions au gré de ses caprices, il fit venir auprès de lui un astrologue italien, nommé Seni, qu’il entretenait magnifiquement. Jamais, dans les occasions importantes, il ne prenait un parti sans avoir consulté son astrologue. Il ne paraît pas que celui-ci lui eût prédit que l’empereur Ferdinand le ferait assassiner.

L’esprit de combinaison, la faculté innée d’opérer des rapprochements, ont conduit à de très-brillantes découvertes, toutes les fois que ces opérations de l’intelligence se sont effectuées sur des faits réels et précis. Au contraire, a-t-on combiné, a-t-on rapproché des faits imaginaires ou confus, les conséquences logiques auxquelles on est arrivé sont devenues d’un absurdité palpable.

Il y a eu dans l’antiquité deux espèces d’astronomie : l’astronomie contemplative, celle des Chaldéens ; l’astronomie conjecturale, celle des Grecs. L’astronomie contemplative, malgré son immense durée, n’a produit que très-peu de fruits. Les annales de l’astronomie conjecturale n’offrent guère qu’un long catalogue de suppositions et d’évaluations ridicules. Çà et là seulement on y