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avait plus de Celtes indépendants que dans le nord de la Grande-Bretagne et en Irlande. La conquête de ces pays par la race germanique était réservée au moyen âge et à la période anglo-normande de l’histoire des îles Britanniques.

Avant la chute de l’empire romain d’Occident, les Romains substituèrent la langue latine à la langue de la race celtique dans tous les pays conquis par elle, sauf en Grande-Bretagne[1]. Le gallois, le cornique éteint au siècle dernier, le breton apporté en France par une émigration de Grande-Bretagne à une époque contemporaine de la chute de l’empire romain, sont des langues celtiques, malgré la mutilation de leur grammaire et la présence, dans leur vocabulaire, d’une foule d’éléments latins, monuments de la conquête romaine.

La langue celtique parlée au nord de la Grande-Bretagne par la population indépendante, au temps de l’empire romain, a disparu par l’effet successif d’une conquête irlandaise et de l’invasion anglo-saxonne. L’irlandais est le seul rameau celtique qui ait échappé à la puissante et destructive influence de la domination romaine. Il nous offre, par conséquent, un sujet d’étude des plus féconds. Nous allons en donner un exemple. De précieuses indica-

  1. Un bon livre sur cette matière est celui de M. Alexandre Budinszky, Die Ausbreitung der lateinischen Sprache über Italien und die Provinzen des Römischen Reiches, Berlin, 1881.