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neuvième siècle, le glossaire de Cormac nous a conservé d’autres termes grammaticaux d’origine celtique empruntés à des traités aujourd’hui perdus ou inédits ; enfin, on y trouve des fragments d’un glossaire du vieil irlandais en vers, probablement destinés à être appris par cœur. Ces débris nous font remonter aux temps antérieurs à l’invasion scandinave, à cette époque de prospérité où l’étude de la littérature nationale et celle des lettres latines et chrétiennes florissaient l’une à côté de l’autre en Irlande, se prêtant un mutuel appui et produisant une foule de monuments curieux, depuis en grande partie détruits par les barbares qui ont dévasté l’Irlande au neuvième et au dixième siècle, et par les hommes civilisés qui l’ont mise à feu et à sang au seizième et au dix-septième. Les restes que les bibliothèques nous conservent de cette vaste littérature peuvent être comparés aux édifices en ruines qui attestent la grandeur de certaines civilisations disparues ; il en subsiste assez pour nous permettre de nous figurer ce que devait être, avant sa destruction, le grand corps dont nous n’apercevons plus que d’incomplets fragments, et pour nous provoquer à en commencer l’étude avec une curiosité qui n’est pas sans mélange d’admiration.


FIN DU PREMIER VOLUME.