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gnages sur lesquels on a prétendu fonder l’antiquité de cette grande institution celtique.

Sans doute, si nous nous en rapportions à l’analyse, faite par Ammien Marcellin, de Timagène, auteur de la fin du premier siècle avant Jésus-Christ, il semblerait que Pythagore aurait parlé des druides. Parmi eux, dit-il, c’est-à-dire entre les bardes et les euhages, les druides dominent par le génie, comme a décrété l’autorité de Pythagore : Inter hos druidæ ingeniis celsiores, ut auctoritas Pythagoræ decrevit. Pythagore enseignait au sixième siècle avant notre ère[1]. Il y aurait donc eu des druides à cette époque. Malheureusement Pythagore paraît n’avoir rien écrit, et les livres qui ont circulé sous son nom sont évidemment l’oeuvre de pythagoriciens d’un âge bien postérieur[2]. Du texte d’Ammien Marcellin que nous venons de citer on peut seulement conclure qu’au temps où écrivait Timagène, c’est-à-dire probablement vers le milieu du règne d’Auguste et la fin du premier siècle avant J.-C., il circulait un livre ou des livres attribués à Pythagore, mais composés par des pythagoriciens beaucoup plus récents, où les doctrines des druides étaient vantées.

On allègue cependant aussi l’autorité d’autres auteurs que Timagène. Ainsi Diodore de Sicile, vers l’an 40 avant J.-C., Valère Maxime, qui écrivait en-

  1. Mullach, Fragmenta philosophorum græcorum de la collection Didot, t. II, p. 1-4.
  2. Mullach, Fragmenta philosophorum græcorum de la collection Didot, t. II, p. 6.