Page:Arbousset - Tahiti et les îles adjacentes.djvu/18

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vre les terres de Tahiti proprement dite. Sur la masse imposante des hautes montagnes de l’intérieur, le regard s’arrête d’abord sur quelques taches rougeâtres qui annoncent un sol dénudé, mais il se repose avec plaisir sur le rivage, où règne sans interruption une zone plus ou moins étendue de terres basses, comprenant de belles plaines, des vallons pleins d’ombre et de jolies baies, que la population a parsemées de ses demeures aux larges toits grisâtres. Cette lisière de terrain, bien boisée, bien arrosée, s’étend jusqu’à la pointe de Vénus, partie septentrionale de l’île, où l’écume des brisants, jaillissant en vastes nappes, rehausse les beautés du rivage. — Le panorama que l’œil contemple lorsqu’on a doublé la pointe de Vénus, est un des plus séduisants qu’on puisse voir. Il embrasse une longue suite de terres accidentées, qui s’étend de Matavaï à la pointe de terre qui commence à la baie de Papéété. Le coup d’œil est délicieux. Matavaï étale ses plages tranquilles, ses bouquets d’orangers et de citronniers, ses cases à demi voilées par des fourrés de goyaviers ; une mer calme et transparente qui reflète en lignes brisées les hautes têtes panachées des cocotiers de la pointe de Vénus, le mouvement des pirogues quittant la rive pour gagner le navire et mille détails impossibles à décrire s’unissent pour donner à cette scène un charme inexprimable. Personne n’a pu contempler pour la première fois le sol fertile et le paysage agreste de Matavaï sans