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LE MÉDECIN DU VILLAGE.

« Voilà qui ne ressemble guère à une partie de plaisir, » dit-elle, « et il me prend envie de pleurer à l’aspect de ce lugubre lieu. Cependant voici de beaux arbres, de grands rochers, un torrent qui gronde : il y a peut-être là une certaine beauté. Mais tout cela est plus sérieux que moi, » ajouta-t-elle en souriant. « Entrons et voyons l’intérieur.

— Oui, voyons si le cuisinier parti hier en avant-garde, est arrivé plus heureusement que nous, » répondirent les convives affamés.

Bientôt on acquit l’heureuse certitude qu’un abondant déjeuner serait rapidement servi, et l’on se mit, en attendant, à parcourir le château. Les vieux meubles couverts de toiles usées, les fauteuils qui n’avaient plus que trois pieds, les tables qui branlaient, les sons discords d’un piano oublié là depuis vingt ans, fournirent mille sujets de plaisanteries. La gaieté reparut. Au lieu de souffrir des inconvénients de cet inconfortable séjour, il fut décidé que l’on rirait de tout. D’ailleurs, pour ce monde jeune et oisif, cette journée était un événement, une campagne presque périlleuse, dont l’originalité com-