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et asseurez de toutes parts de venir à la cour, vinrent à la fin trouver le Roy à Paris, où il s’estoit remué pour y faire célébrer les noces de sa sœur. Plusieurs seigneurs, barons et gentils-hommes huguenots y accompagnèrent le Roy de Navarre et le prince de Condé, au-devant desquels presque toute la cour y alla. Ils y furent recueillis du Roy, de sa mère et de ses frères, et des autres princes, de Madame et des princesses, comme ils le pouvoyent désirer en apparence.

Quelques jours se passèrent en festes et banquets, attendant le jour des nopces, que l’on dilayoit pour divers respects d’un jour à l’autre, entre autres pour ce que le cardinal de Bourbon, qui devoit recevoir les promesses du mariage, n’y osoit loucher sans dispense du pape, qu’il luy avoit envoyé demander ; laquelle, après estre venue, et à son gré n’estant assez ample pour sa conscience, il fallut renvoyer à Rome pour en avoir une à sa fantaisie ; et sur ce le Roy, faisant semblant de se fascher de tant de remises, blasphémant et despitant, jura qu’il vouloit que le mariage se consommast sans plus tarder ; que si le cardinal de Bourbon ne les vouloit espouser, il les mèneroit luy-mesme à un presche des huguenots pour les y faire espouser à un ministre, et que par la mort Dieu il ne vouloit pas que sa Margot (car ainsi appeloit-il sa sœur) fust plus long-temps en cesle langueur.

Les nopces du Roy de Navarre et de Marguerite, sœur du Roy, se célébrèrent en très grande pompe le lundi dix-huictième jour du mois d’aoust dernier passé. Les princes, comtes, barons, et autres seigneurs et gentils-hommes de marque huguenots, y assistoyent presque tous, dont aucuns y avoyent amené leurs femmes et enfans, et pouvoyent estre eu tout environ mille gentils-hommes.

Le mardi, mercredi et jeudi suyvans furent employez