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s’accomplissent ; et un autre Italien, à la table de Jean Michael et Sabalin, ambassadeur de la seigneurie de Venise, se vantoit de sçavoir le moyen pour ruiner les huguenots en vingt-quatre heures.

Autres semblables choses se respandoyent parmy le vulgaire, desquelles aussi l’admirai estoit adverti.

On adjoustoit à cela que la faction des séditieux desiroit la ruine des huguenots sur toutes choses, que le lieu et le temps la facilitoyent ; la voulant donc et la pouvant mettre à effect, qu’on ne devoit attendre autre chose d’eux.

À tout cela, l’amiral sans peur, tousjours semblable à soy, tousjours constant et asseuré sur la, bonté du Roy, ne pouvoit prendre occasion d’alarme.

Le jeudi il fut dict au conseil privé du Roy qu’on avoit veu certains hommes à cheval au Pré-aux-Clercs et par les places de Paris, avec des pistoles et harquebuses à l’arçon de la selle, contre les deffenses du port des armes ; à quoy quelqu’un du conseil respondit que ce pouvoyent estre quelques-uns qui se préparoyent et s’exerçoyent pour la reveuë qui se devoit faire pour la récréation de la cour.

Le vendredi 22 d’aoust au matin, fut tenu conseil au Louvre pour remédier aux plainctes des huguenots. Monsieur, frère du Roy, qui y présidoit, s’estant levé et sorti plustost que de coustume, l’amiral, qui y estoit pareillement, sortit avec les autres seigneurs du conseil ; et comme il alloit en son logis, ayant trouvé le Roy qui sortoit d’une chappelle qui est au-devant du Louvre, le ramena jusques dans le jeu de paulme, où le Roy et le duc de Guyse ayant dressé partie contre Téligny et un autre gentil-homme, et joué quelque peu, l’amiral en sortit pour s’en aller disner à son logis, accompagné de douze ou quinze gentils-hommes, entre lesquels j’estoy. Il ne