Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/196

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heures de la nuict du samedi avoit devisé, ris et plaisanté avec le Roy, ayant à peine commencé son premier somne, fut resveillé par six masqués et armez, qui entrèrent dans sa chambre ; entre lesquels cuidant le Roy estre, qui vinst pour le fouetter à jeu, il prioit qu’on le traitast doucement, quand, après luy avoir ouvert et saccagé ses coffres, un de ces masques (valet de chambre du duc d’Anjou) le tua par le commandement de son maistre.

Bien est vray que le capitaine la Barge, qui estoit l’un des masquez, avoit eu commandement du Roy de l’aller tuer, avec promesse d’avoir la compagnie de gendarmes du comte de La Rochefoucaut, n’y estant autrement voulu aller qu’à celle condition ; et quoyque le valet, comme on m’a dit, l’ait anticipé à tuer, si n’a-il pas pourtant moins eu la compagnie du comte meurtry.

Théligny fut veu de plusieurs courtisans, et quoyqu’ils eussent charge de le tuer, ils n’eurent oneques la hardiesse de ce faire en le voyant, tant il estoit de douce nature et aimé de qui le cognoissoit ; à la fin, un qui ne le cognoissoit pas le tua.

Le marquis de Renel fut chassé tout en chemise jusques à la rivière de Seine, par des soldats et le peuple, et là, fait monter sur un petit bateau, fut tué par Bussy d’Amboyse son cousin.

Monsieur, frère du Roy, pour gratifier à l’Archan, capitaine de sa garde, amoureux de la Chastegneraye, envoya tuer par les soldats de la garde le seigneur de la Forse son beau-père, et cuidant avoir tué deux des frères de la Chastegneraye, il ne s’en trouva qu’un mort ; l’autre estoit seulement blessé et caché sous le corps mort de son père, qui luy estoit trébusché dessus, d’où sur le soir il se despestra, se glissant jusques dedans le logis du seigneur de Biron son parent ; ce que sachant la Chastegneraye sa