Page:Archives israelites 13.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n'est pas impossible, elle est même inévitable dans le cours de plusieurs siècles, car pouvoir arriver et ne jamais arriver ce serait une contradiction. Or, que la coïncidence de la Pâque des Falas— has avec celle des juifs rabbiniles l'an 1848 doive s'attribuerau cas, et non pas à une identité de système entre les uns et les autres; cela, dis-je, est évidemment prouvé par les deux circonstances suivantes : 1° la manière d'intercaler la lunaison additionnelle, la base de tout calendrier lunaire comme le jullaïque, est bien différente chez les Falashas et chez les autres juifs ; ce qui prouve que les premiers ont un calendrier différent de celui des second ; 2° dans la première lettre de M. d'Abbadie sur les Falashas, nous avons la date abyssine du jour où commença la Pâque des Falashas en 1842. Or, cette date est le lundi 18 Mia- zia (1 ), ct comme laPâque, d'après les règlesdu calendrier judaïque ne peut jamais commencer en jour de lundi, nous avons là une autre preuve que les Falashas ne suivent pas ce calendrier. De plus, si le jour de Pâque eût coïncidé avec celui des autres juifs par système et non par accident, il aurait dû coïncider aussi en 1842; ce qui, non-seulement n'a pas eu lieu, mais ne pouvait pas arriver, par la raison susdite. Et quand même on voudrait jeter un doute sur la véracité de la date donnée par M. d'Abbadie pour le premier jour de Pâque de 1842, il serait également certain, par le fait suivant, que les Falashas peuvent commencer la Pâque en jour de lundi, ce qui est défendu aux autres juifs.

Les savants Falashas réunis en concile, pour répondre à mes questions, sous la présidence de leur abba Ishaq, avaient annoncé pour le premier jour de Pâques, en 1848, le lundi 3 miazia (I0 avril) et non le mardi 18 avril (2). Quelques mois après, un messager vint, de la part d'abba Ishaq, annoncer à M. d'Abbadie que la première date avait été donnée par erreur, et qu'il fallait lui substituer la seconde. Or, je comprends qu'à quelques mois de distance, sans \m almanach à consulter, et sans faire des computations, un Falasha, quoique instruit, ait dit que la Pâque commencerait un tel jour, tandis qu'elle commençait réellement

(1) Journal des Débats, 6 juillet 1845, 3e p., 5" col.

(2) Réponses, p, 9.