Page:Archives israelites 13.djvu/318

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1 549- neuves ce livre, Saadya établit successivement, comme vérités fondu- mentales du judaïsme : la création du mondo, formé du néant absolu; l'unité et la spiritualité de_ Dieu; la révélation de la loi et son immutabilité; le libre arbitre, le mérite et le cléméritg; la nature de l’àme, substance spirituelle ou plutôt éthérée, substance immortelle, mais non sujette à la transmigratiou ou métempsycose; la résurrection corporelle; l’avéuement temporel du Messie; la rémunération future, et il termine par une sortetlc conclusion éthique sur la manière de gouverner ses passions. Ces divers points, plus ou moins indiqués par l‘Écriture ou la tradition, Saadya les démontre un à un à l’aide d’uue dialectique souvent irrésistible, parfois subtile ou imprégnée des erreurs contemporaines, mais toujours vire et attachante. ll expose et réfute, le plus souvent par elles-mêmes ou en les réduisant à l`absurde, les opinions opposées de quelques métaphysiciens juifs, de la plupart des écoles grecques, et méme de plusieurs sectes chrétiennes. Saadya est chez nous le créateur de la philosophie religieuse. ll a eu le mérite d‘introduire la raison et de lui donner droit de cité sur le terrain de la foi : mais il a su, du premier coup, faire la part équitable de l‘une et de l’autre, et il a constamment subordonné la première à la seconde, en ce sens qu’il ne lui a emprunté ses procédés que pour assurer et sanctionner à pas- q — teriori les conclusions de sa rivale. A la suite de l’émancipation religieuse dont j’ai déjà parlé, et qui dès le x¤ siècle permit aux juifs d‘Espagne de se passer du ` ‘ secours des académies babylonienues, la théologie et la philoso- phie furent cultivées dans la Péninsule avec une ardeur crois- sante, et firent bientôt de rapides progrès. Nous ne pourrons malheureusement citer que pour mémoire le ¤"t't 'HPD de Salomon ben-Ghebhirol (I), dont il ne reste plus qu'une traduc- tion hébraïque manuscrite et incomplète. Ben-Ghebhirol, que la _ Synagogue ne connait plus que par ses belles poésies religieuses, ne serait autre, d‘après Pintéressante découverte de M. llunk, que le célèbre Avicebron si souvent cité par les scolastiques (I) xi- siecle.