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bélier et de sept agneaux, avec leur offrande et leur libation, qu'ordonne la loi de Moïse, ils ne font que le sacrifice d'un agneau d'un an, accompagné de l'offrande de froment et de la libation de vin, ou, en l'absence de vin, de bière.

Comme la conservation des sacrifices est un de ces traits qui servent souvent à distinguer les Falashas des autres Juifs, je vais en examiner la cause, et, cette cause trouvée, en déduire quelques conséquences sur l'origine des Falashas.

Selon la loi de Moïse, il était sévèrement défendu de faire les sacrifices autre part que dans le temple de Jérusalem. Les autels élevés par Jéroboam, roi d'Israël, à Beth-El et à Dan, et ceux élevés par quelques descendants de David et par des particuliers dans le royaume de Juda, étaient hautement réprouvés par la loi et par les prophètes.

Dans la captivité de Babylone, il parait certain que les Juifs ne faisaient point de sacrifices, au moins les livres d'Ézéchiel et de Daniel, qui vécurent dans ce temps-là, n'en font jamais mention. De plus, Jérémie, contemporain d'Ézéchiel, et qui vivait en Palestine, dans l'adresse qu'il envoya à ses frères de la Babylonie, et où. il les exhorte (xxlx, 7) à prier Dieu pour le salut de la ville où Dieu les a fait émigrer, ne dit pas : « Offrez des holocaustes propitiatoires à Dieu pour cette ville; » ce qu'il n'aurait pas manqué de dire, s'il avait cru qu'à cause de l'éloignement de la mère patrie et de l'impossibilité de se porter à Jérusalem, il leur était permis de faire les sacrifices dans la Babylonie. Après le retour de Babylone, aucune mention n'est faite des sacrifices avant l'époque où fut rebâti le temple de Jérusalem et le culte rétabli. Depuis lors, ils ne furent plus interrompus jusqu'à la destruction définitive du temple par Titus, et pendant tout ce temps, les Juifs, dispersés en grand nombre dans l'Arabie, dans la Mésopotamie, dans la Perse, dans la Médie, dans l'Assyrie, dans la Géorgie, dans l'Asie mineure, dans la Grèce et dans l'Italie, pays dont quelques-uns étaient également et même plus éloignés de la Palestine que l'Abyssinie, restèrent fidèles à la loi de Moïse, et n'élevèrent point de temple ou d'autel dans leur pays pour y faire des sacrifices. S'ils voulaient en présenter, le voyage de Jérusalem devenait indispensable.

Une seule exception se présente (1), etcela dans un pays situé

(1) Je dis une seule, parce que le temple élevé par les Samaritains sur le mont Garizim à l'époque dont je parle, le fut expressément dans aue intention hostile au temple de Jérusalem ; car les Samaritains soutenaient que Dieu devait être adoré sur le mont Garizim, et non à Jérusalem, et ils considéraient rumine bérétiques tous les Juifs, parce qu'ils tenaient pour saint, et Salomon en particulier, parce qu'il avait bâti le temple de Jérusalem. C'est pourquoi le leur jouissait de toutes les prérogatives de celui-ci, et il était défendu aux Samaritains de sacrifier antre part que sur le mont Garizim.