Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/52

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bien pâle encore, mais il me permet cependant de tracer mes hiéroglyphes et de distinguer vaguement la physionomie des compagnes de voyage dont je jouis depuis la moitié de mon trajet. Grâce à une certaine dépense de diplomatie et d’arguments sonnants, j’avais pu me conserver une solitude complète au départ de Paris… Je jouissais de mon bonheur silencieusement, avec l’égoïsme propre aux individus civilisés, ayant eu soin de plonger mon wagon dans une obscurité bienfaisante, quand, à Dijon, la portière s’ouvre brusquement et une voix quelconque d’employé crie, triomphante à souhait :

— Mais il y a de la place ici !

L’instinct du confort dominant, j’ai un mouvement de protestation ; mais deux silhouettes de femmes apparaissent ; et la