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LE COLONEL BOURRAS

Il déclara à M. George et à ses hommes qu’il n’organiserait le corps franc des Vosges que si l’attitude des francs-tireurs était bonne devant l’ennemi. Dès les premiers engagements, voyant la crânerie de ses petits soldats, Bourras écrivait qu’il acceptait.

À partir de ce moment, Bourras se révéla. Il dut tout faire à la fois. Il fallait nourrir, armer, équiper ses troupes. Sans cesse debout, dormant à peine, il imprimait à son corps franc une cohésion bien rare alors dans l’armée. Ses officiers durent user de subterfuge pour l’obliger à se reposer. Un sergent de son régiment, nommé Boulay[1], échappé de Sedan, lui aussi, qu’il avait rencontré à Épinal et à qui il confia le commandement d’une compagnie, eut seul assez d’ascendant sur lui pour l’amener à dormir sur un lit. Nos camarades, aujourd’hui encore, ne parlent du colonel qu’avec un respect attendri.

Il n’est plus, et cependant encore, c’est lui qui préside aux relations amicales qui unissent ses anciens soldats, il n’est question que de lui dans nos entretiens.

Son rapport ne dit pas quelle appréhension il causait aux Allemands. Dans un des livres publiés par nos ennemis, on évalue à 10,000 hommes l’effectif du corps franc des Vosges et l’on attribue à ce nombre

  1. Aujourd’hui adjoint principal du génie.