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Au Port-au-Piince, le 18 novembre 1790.
« À Don Arrata, commandant à Caoba.
» Monsieur,

» J’apprends que le nommé Ogé, chef des brigands qui ont manifestés une révolte dans la partie française du Nord et que l’assistance de nos bons voisins ont fait arrêter, est encore avec quelques-uns de ses complices dans les prisons de Banica ou vous commandés ; j’écris, Monsieur, au juge ou alcade de Banica pour le prier d’acheminer ces brigands pour San-Domingo ; j’ay fait partir une corvette du roy et j’ay envoyé un officier a San-Domingo pour réclamer auprès de son Excellence le gouverneur de la partie espagnole tous ces révoltés pour en faire bonne justice. J’ay l’honneur de vous prier, Monsieur, de vouloir bien donner protection et escorte pour faire arriver a San-Domingo ces criminels le plutôt qu’il sera possible. Sans cette précaution, je craindrais fort que ceux des complices de ces brigands qui sauroient qu’ils sont encore a Banica n’aillent en force pour les délivrer, ce qui seroit très désagréable pour vous, Monsieur, et encore plus pour la tranquillité de la partie françoise de l’isle, je compte beaucoup sur votre prudence et vos bons secours.

« J’ay l’honneur d’être avec beaucoup de considération et une parfaite estime,

Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Blanchelande.

» Je vous prieray, Monsieur, de permettre lorsque je sauray tous nos brigands rendus à San-Domingo, que je fasse addresser une récompense aux troupes et personnes qui les auront escortés. »


Ne commentons pas cette lettre de Blanchelande ; car les colons, pour prix de sa condescendance à toutes leurs cruautés, l’ont accusé auprès des terroristes et fait tomber sa tête sur l’échafaud où tant d’illustres victimes ont péri en 1793.


Cependant, Don Garcia, qui exigea un serment et