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Espagnols, où ils opposèrent de la résistance. Enfin, en 1533, il y en avait un assez grand nombre sous les ordres du cacique Henri[1].

Depuis ces temps reculés, toujours il y a eu des nègres fugitifs dans la colonie espagnole, protestant ainsi contre leurs maîtres, leurs tyrans. Charlevoix constate, d’après le père Le Pers et le journal de M. Butet, « qu’outre les esclaves français fugitifs, il y en a un nombre considérable qui ne se sont point donnés aux Espagnols, et se sont cantonnés dans des montagnes où ils vivent également indépendans des deux nations[2]. »

Le même auteur nous apprend que dans la colonie française, en 1679, il y eut une révolte de nègres esclaves au Port-de-Paix, dirigés par l’un d’eux, nommé Padrejean, originaire de la colonie voisine. Leur but était d’exterminer tous les blancs : des boucaniers réussirent à les vaincre. En 1691, une autre conspiration formée par deux cents nègres pour détruire les blancs, fut découverte dans l’Ouest : ils furent sévèrement punis. En 1718, des nègres fugitifs de la partie française ne purent être ramenés à leurs maîtres, parce que les Espagnols s’ameutèrent et les délivrèrent.

En confirmant les faits cités par Charlevoix, Moreau de Saint-Méry parle de plusieurs autres de même nature, attestant tous que l’amour de la liberté a souvent animé des nègres esclaves et les a portés à fuir la tyrannie qui les accablait. Telle n’est pas cependant la conclusion qu’il en tire ; car il représente ces hommes comme des criminels qui fuyaient, à raison des forfaits qu’on leur imputait.

  1. Charlevoix, tome 1er, pages 401, 423, 470.
  2. Ibid. tome 2, page 482.