Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gouvernemens antérieurs. Ces gouvernemens n’ont pas seulement commis des fautes ; ils ont été injustes envers les hommes de la race noire dont je fais partie. Des crimes, imputables surtout aux colons qui ont méconnu leurs vrais intérêts, ont produit les révolutions qui ont amené la séparation, l’indépendance absolue de cette ancienne colonie de sa métropole. Je les signalerai, peut-être avec quelque chaleur, mais sans rancune, sans haine.

La France, d’ailleurs, a noblement réparé toutes ces injustices. Sous le règne d’un monarque éclairé et juste, sous le ministère d’un homme d’État dont la loyauté est connue de tous, la France a compris que ce jeune peuple, que ses principes et ses idées avaient appelé à la liberté, était digne aussi du respect qu’elle porte à toutes les nationalités. Elle a compris que ce pays, où elle a déposé le germe de sa civilisation avancée, méritait qu’elle l’aidât à développer la sienne encore dans l’enfance. Elle a reconnu ses droits à l’indépendance et à la souveraineté politique.

En agissant différemment, la France eût manqué à sa mission dans le monde. Depuis 1789, n’est-elle pas en quelque sorte le phare de la liberté pour les peuples ?

Elle a fait plus encore : elle est entrée dès lors dans cette voie de protection généreuse qu’en digne émule de l’Angleterre, elle accorde aussi à la race africaine ; et sa dernière révolution a porté la liberté dans ses colonies.

En disant ce que je crois être vrai sur les anciens procédés de la France, je ne puis donc me proposer qu’une chose relativement à elle : c’est de démontrer la convenance, l’utilité du maintien des bonnes relations existantes entre Haïti et elle, parce qu’elles sont en harmonie