Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et 12 octobre 1790. Blanchelande se prêta complètement à cette manœuvre.

La nouvelle assemblée se réunit à Léogane et se constitua le 1er août. Léogane était le lieu fixé par l’assemblée nationale pour ses séances ; mais elle jugea plus convenable de s’assembler au Cap, où elle devait trouver plus de chances de dominer, parce que cette ville était devenue le siège du gouvernement, et que les commissaires civils annoncés y résideraient indubitablement. Elle prit un arrêté à cet effet, le 9 août, en s’ajournant pour la fin du mois. Elle allait s’y réunir, quand la prise d’armes de Diègue et l’insurrection des esclaves du Nord éclatèrent en même temps.


Tous autres hommes que les colons de Saint-Domingue eussent reconnu dans ces faits extraordinaires la nécessité de modifier le régime colonial, surtout lorsqu’ils revendiquaient le droit que leur concédaient les décrets du 8 mars et du 15 mai, de régler eux-mêmes le régime intérieur de la colonie. Mais loin de là ; ces hommes qui n’ignoraient pas que la classe de couleur égalait celle des blancs en nombre, qui savaient que les noirs étaient encore infiniment plus nombreux, espérant tout de la puissance de l’organisation coloniale, de l’appui de la France, de celui des commissaires civils et du gouverneur général, ces hommes orgueilleux s’imaginèrent qu’ils pourraient facilement comprimer l’une et l’autre insurrection.

À la première nouvelle de l’incendie des habitations de la plaine voisine du Cap, les blancs supposèrent une vaste conspiration de la part des mulâtres et des noirs de cette ville, d’accord avec les esclaves pour l’incendier et