Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/293

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Monsieur,

Nous n’avons jamais prétendu nous écarter du devoir et du respect que nous devons au représentant de la personne du roi, ni même à tout ce qui dépend de Sa Majesté ; nous en avons des preuves par devers nous ; mais vous, mon général, homme juste, descendez vers nous ; voyez cette terre que nous avons arrosée de notre sueur, ou bien plutôt de notre sang ; ces édifices que nous avons élevées, et ce dans l’espoir d’une juste récompense ! L’avons-nous obtenue, mon général ? Le roi, l’univers, ont gémi sur notre sort, et ont brisé les chaînes que nous portions, et nous, humbles victimes, nous étions prêts à tout, ne voulant point abandonner nos maîtres ; que dis je ! je me trompe : ceux qui auraient dû nous servir de pères, après Dieu, c’étaient des tyrans, des monstres indignes du fruit de nos travaux ; et vous voulez, brave général, que nous ressemblions à des brebis, que nous allions nous jeter dans la gueule du loup ? Non, il est trop tard, Dieu, qui combat pour l’innocent, est notre guide ; il ne nous abandonnera jamais ; ainsi voilà notre devise : Vaincre ou mourir.

Pour vous prouver, respectable général, que nous ne sommes pas aussi cruels que vous pouvez le croire, nous désirons, du meilleur de notre âme, faire la paix ; mais aux clauses et conditions que tous les blancs, soit de la plaine ou des mornes, se retireront par devers vous pour se retirer dans leurs foyers, et par conséquent abandonner le Cap, sans en excepter un seul ; qu’ils emportent leur or et leurs bijoux ; nous ne courons qu’après cette chère liberté, objet si précieux.

Voilà, mon général, notre profession de foi, que nous soutiendrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang. Il ne nous manque point de poudre ni de canons ; ainsi la mort ou la liberté. Dieu veuille nous la faire obtenir sans effusion de sang ! alors tous nos vœux seront accomplis, et croyez qu’il en coûte beaucoup à nos cœurs pour avoir pris cette voie.

Mais, hélas ! je finis, en vous assurant que tout le contenu de la présente est aussi sincère que si nous étions par devant vous. Ce respect que nous vous portons, et que nous jurons de maintenir, n’allez pas vous tromper, croire que c’est faiblesse, en ce que nous n’aurons jamais d’autre devise : Vaincre ou mourir pour la liberté.

Vos très-humbles et très-obéissans serviteurs,
Tous les généraux et chefs qui composent notre armée.


Cette lettre d’un style incorrect, qui ne porte le nom