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propositions. Mais, hâtons-nous de dire qu’il ne trafiqua point de ses semblables, comme Jean François et Biassou. L’observation que nous faisons ici, parce que c’en est l’occasion, relativement au projet auquel il contribua, pour la soumission de la masse des noirs insurgés dans l’esclavage, a pour but de prouver que, dans ces premiers temps de l’insurrection, les idées de Toussaint Louverture n’étaient pas plus généreuses à l’égard de ses fières, que celles de Bauvais, de Lambert et de Pinchinat, lorsqu’ils souscrivaient à la déportation des suisses. C’était dans le même mois de novembre 1791 que se passaient les deux actes que nous reprochons à la mémoire de ces premiers révolutionnaires.

Quoi qu’il en soit, ces deux adresses, parvenues à l’assemblée coloniale, ne furent point accueillies par les colons comme ils auraient dû le faire en une pareille conjoncture, dans leur propre intérêt et dans l’intérêt général de ce pays livré aux horreurs de la guerre. Fiers et hautains, depuis le décret du 24 septembre, ils attendaient l’arrivée des commissaires civils avec les troupes dont ils espéraient profiter, pour soumettre à merci tous les esclaves insurgés. Ainsi, tandis que d’une part ils refusaient de sanctionner les concordats de l’Ouest et du Sud, de l’autre ils rejetaient les propositions faites par les chefs noirs : leur mépris pour les mulâtres et les nègres était trop enraciné pour qu’ils se conduisissent autrement.


Le 28 novembre, MM. Roume, de Mirbeck et de Saint-Léger arrivèrent au Cap. Nommés commissaires civils, d’abord pour l’exécution du décret du 15 mai