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lières, et contenues au décret constitutionnel rendu par l’assemblée nationale constituante, le 24 septembre 1791, accepté par le roi le 28 du même mois.


Cependant, les insurgés du Nord, avisés de l’arrivée des commissaires, furent encore plus disposés à la soumission. Le père Sulpice, curé du Trou, leur fit parvenir la proclamation royale et le décret du 24 septembre, pour les y engager, espérant sans doute lui-même quelque modération de la part de l’assemblée coloniale. De ce qu’il paraît assez prouvé que l’insurrection avait été suscitée par les contre-révolutionnaires, par Blanchelande surtout, les esclaves, qui arboraient le drapeau blanc, qui prenaient le titre de gens du roi, durent attendre le règlement de leur sort par ces commissaires envoyés par le roi ; ils les supposaient naturellement capables d’exercer quelque influence sur l’assemblée coloniale. En conséquence, ils envoyèrent au Cap le mulâtre Raynal et le nègre Duplessis, anciens affranchis, porteurs d’une seconde adresse des chefs noirs à cette assemblée. Cette pièce, rapportée dans Garran (tome 2, pages 308 à 311), est écrite dans un style très-pur, et semble avoir été également rédigée par l’abbé de La Haye : elle porte la date du 4 décembre[1].

Raynal et Duplessis comparurent par devant l’assemblée, et subirent un interrogatoire. La hauteur dédaigneuse de cette assemblée contrasta avec la bienveillance des commissaires civils envers ces deux envoyés. Ils reçurent de ces derniers un sauf-conduit pour reve-

  1. Les signataires sont trois noirs, — Jean François, Biassou et Toussaint, — et trois mulâtres, — Desprez, Manzeau et Aubert. À cette époque, Toussaint ne signait pas encore Louverture.