Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tandis que les colons de la faction de l’assemblée de Saint-Marc n’avaient paru accepter la révolution que pour parvenir à l’indépendance : projet auquel ils furent constamment fidèles, soit qu’ils espérassent se maintenir eux-mêmes dans cet état, ou qu’ils reconnussent la nécessité de soumettre la colonie au protectorat de la Grande-Bretagne ou de la lui livrer à discrétion, pourvu que cette puissance conservât la forme ancienne de l’esclavage des noirs et de l’abaissement des hommes de couleur.

Ainsi, si d’un côté, les contre-révolutionnaires espéraient maintenir la race noire dans l’avilissement, de l’autre, la faction léopardine, s’accordait aussi avec eux dans le même but final. Les uns et les autres avaient donc une égale horreur pour les principes de la révolution française, dont les conséquences étaient naturellement la réhabilitation de cette race.

Quant aux hommes de couleur, la liberté civile dont ils jouissaient devait nécessairement les amener à la jouissance de la liberté politique et de l’égalité avec les blancs, par l’influence même des principes de la révolution. C’est ce qui explique leur profond attachement à la France, mais à la France révolutionnaire. Le but qu’ils se proposaient d’atteindre leur commandait de se rattacher à celui des deux partis, parmi les blancs, qui voulait la conservation de St-Domingue à sa métropole, parce qu’ils étaient assez éclairés pour reconnaître que la contre-révolution était impossible, soit en France, soit dans la colonie. Ils sentaient que ce parti, avec lequel ils se liguèrent, n’avait point d’avenir, et que tôt ou tard il serait forcé de leur faire toutes les concessions qu’ils désiraient obtenir. Voilà les motifs de leur confédéra-