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qui avaient témoigné le moins de prévention contre eux : « ce projet, n’admettait, dit Garran, à la jouissance des droits politiques, que les personnes de sang-mêlé chez lesquelles les traces de la couleur noire ne seraient plus apparentes. »

Enfin, Léaumont, député de Torbeck, proposa un autre projet qui n’était autre chose que l’ancien régime converti en loi constitutionnelle.

Mais, ce même jour 12 mai, la frégate l’Inconstante arriva au Cap, où elle apporta la nouvelle du décret du 28 mars et de sa sanction par le roi, le 4 avril. Il semble qu’en cette occasion, le ciel voulut donner aux colons une leçon, un avertissement de leur impuissance à résister à ses volontés favorables aux droits de tous les hommes, en faisant coïncider la connaissance de l’acte souverain de la France, avec celle du projet injuste, si longtemps élaboré dans le sein de l’assemblée coloniale.

Loin de reconnaître la nécessité de se soumettre immédiatement à la loi du 4 avril, l’assemblée coloniale resta comme indécise sur la question de savoir si elle tenterait, ou non, de résister à la volonté des deux pouvoirs de la métropole. Le côté Ouest de l’assemblée s’entendit avec la municipalité du Cap, pour susciter dans cette ville une émeute dont l’effet, espérait-il, péserait sur les résolutions de l’assemblée : elle eut lieu le 22 mai. Cette cabale était digne des anciens membres de l’assemblée de Saint-Marc.

L’agitation factice qu’elle occasionna, pénétrant effectivement dans le sein de l’assemblée coloniale, l’espèce de trêve conclue entre les deux partis fut rompue : ils ne purent s’accorder. Il résulta de ce désaccord que, le 27 mai, l’assemblée déclara qu’elle se soumettrait à la