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de nombreux établissemens d’instruction publique où leurs habitans puisaient des connaissances variées, la riche et puissante colonie de Saint-Domingue n’avait que de pauvres et chétives écoles où la lecture, l’écriture et le calcul étaient les seuls enseignemens donnés aux libres de toutes couleurs. Circonstance qui obligeait les colons blancs et les familles aisées des mulâtres à envoyer, à grands frais, leurs enfans en France, pour y acquérir des lumières. Et les mulâtres se virent encore défendre l’entrée du royaume, en 1777, par une ordonnance de Louis XVI, rendue sur les instances des colons ! Oui, sur leurs instances, et nous le prouverons.

Ainsi était réglée l’organisation de ce gouvernement colonial qui, comme on le verra, a exercé une si grande influence sur les gouvernemens qui lui ont succédé dans la suite des temps. Nous notons cette conséquence toute naturelle, non pour justifier tous les actes qui les constituèrent, car nous aurons probablement plus d’un reproche à faire à cet égard ; mais pour expliquer ces actes qui tiennent à la nature des choses, aux précédens coloniaux trop servilement copiés et imités.


III.


Nous venons de voir la composition de la société coloniale et l’organisation du gouvernement à Saint-Domingue. Écoutons ce que disait, en 1776, des mœurs de la classe blanche, un Européen qui y a vécu longtemps — Hilliard d’Auberteuil. Il a publié alors des Considérations sur la colonie de Saint-Domingue, ouvrage qu’il avait présenté, un an auparavant, au ministre de la marine.