Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cet acte de la coalition de Saint-Marc ayant été déféré à l’approbation de Roume, ce commissaire n’hésita pas à l’accorder à des hommes qui n’agissaient ainsi que dans les vues d’épargner à la province de l’Ouest les ravages survenus dans le Nord. Cette approbation donnée par Roume, avant la réception de la nouvelle de la loi du 4 avril, produisit le meilleur effet sur l’esprit des hommes de couleur : elle les porta à persévérer dans la modération qui distingua ceux de l’Ouest.

Marchant d’accord, et forts de toute la puissance que leur donnait la loi du 4 avril, Roume et Blanchelande partirent du Cap le 16 juin sur le vaisseau le Jupiter, et arrivèrent à Saint-Marc le 20. Ils y furent reçus avec des témoignages de respect par les hommes de couleur. Les blancs de la coalition espérèrent trouver en Blanchelande un vengeur des humiliations et des violences qu’ils avaient subies, comme partisans de l’ancien régime sous ce gouverneur et Mauduit, de la part des factieux du Port-au-Prince. De leur côté, les hommes de couleur voulaient aussi que Roume et Blanchelande concourussent à la rentrée de leur armée dans cette ville ; mais, suivant le témoignage de Roume, il y eut moins d’acharnement de leur part que de celle des pompons blancs de Saint-Marc.


Après le départ de Caradeux le Cruel pour les États-Unis, où il emmena une cinquantaine de ses esclaves pour y fonder une habitation dans la Caroline du Sud, les factieux du Port-au-Prince avaient nommé Borel capitaine général de la garde nationale de cette ville. Ils envoyé-

    Louis XVIII. Guyambois, nègre libre, était dès lors très-influent dans l’Artibonite. Nous en parlerons plus tard.