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militaire des gouverneurs généraux de cette importante colonie, appartenant à une nation éclairée, civilisée, qui avait des agens dont les lumières ne pouvaient être révoquées en doute. Cette remarque trouvera son application.

On comprend toutefois comment les colons, enorgueillis de leurs richesses, conçurent l’espoir de réformer les abus dont ils se plaignaient, en s’emparant du pouvoir législatif à Saint-Domingue, en y établissant l’administration municipale. De cette révolution coloniale, ils devaient bientôt passer à l’idée de secouer le joug de l’autorité de la métropole, pour rendre la colonie indépendante de la France, la gouverner eux-mêmes au profit de leur orgueil, ou la placer sous le protectorat de la Grande-Bretagne, parce qu’ils espéraient de cette puissance le maintien du régime colonial. Ils sentaient que ce régime était menacé de dissolution, par les principes de rénovation sociale contenus dans la célèbre déclaration des droits de l’homme, en même temps que la société des Amis des noirs, constituée à Paris, se déclarait favorable, et à l’abolition de la traite et à l’abolition graduelle de l’esclavage, dans les colonies françaises.


V.


Nous avons entendu Hilliard d’Auberteuil parler sur la condition des blancs. Écoutons-le, lorsqu’il s’agit des nègres et des mulâtres. Examinons ses opinions, ses sentimens à leur égard ; car ils ne sont que l’expression des sentimens et des opinions professés par les colons en général, quoiqu’il existât certainement d’honorables exceptions parmi eux.