Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/153

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MM. Imbert, Voltaire et Inginac, en leur qualité de grands fonctionnaires, lui adressèrent une longue dépêche où ces motifs étaient entièrement exposés ; et de ce qu’ils exprimaient l’espoir qu’on avait conçu en Haïti, que ses anciens défenseurs du temps de la Restauration, arrivés au pouvoir en France où régnait maintenant un esprit libéral, auraient été plus favorables à ce jeune peuple, le cabinet français voulut bien croire que celui d’Haïti demandait la suppression de l’indemnité, tandis qu’il ne désirait qu’une réduction de cette dette et des facilités pour la payer, indépendamment d’un traité où il serait dit que « la France reconnaît la République d’Haïti comme État libre, indépendant et souverain, et renonce à toutes prétentions quelconques sur son territoire et ses affaires intérieures et extérieures. »

Nous croyons avoir prouvé, par le texte de quelques articles des deux traités et par les raisonnemens dont nous les avons accompagnés, que Boyer ne pouvait les ratifier. Mais, s’il n’avait eu que les motifs résultant de la caducité des pouvoirs donnés à M. Saint-Macary, le gouvernement français aurait dû encore les accepter ; car la faute en était à lui-même qui n’en exigea pas de nouveaux, tandis qu’il renouvelait ceux que M. Pichon avait reçus de l’ancien gouvernement, après avoir prêté serment à la nouvelle dynastie à laquelle il se rallia en sa qualité de conseiller d’État. Le respect dû à la France et à son roi ne pouvait

    Haïti et la France. L’ordonnance de Charles X a été signée dans ce mois ; les premiers projets de convention et de traite signés par M. Molien ont été faits en avril 1829 ; les deux autres, discutes par lui et M. Pichon, ont été redigés en avril 1830 ; et les traités conclus par M. Saint-Macary, en avril 1831. Aucun de ces actes n’a convenu pour la bonne entente entre les deux pays.

    M. Saint-Macary resta dans une sorte de disgrâce pendant environ deux ans, et fut appelé en 1833 à la direction du lycée national ou il se montra dévoué, capable et propre à une fonction aussi importante. Cet établissement prospéra sous son intelligente direction. Il mourut en 1837.