Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/319

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vembre. Ces divers actes leur prouvèrent qu’ils étaient attendus. Le dimanche 28 janvier 1858, la Néréide jeta l’ancre dans la rade du Port-au-Prince.[1] Aussitôt, un officier de la frégate et M. J. P. Vaur vinrent au port : ils furent conduits au bureau de la place et de là à l’hôtel du secrétaire général Inginac. M. Vaur était porteur d’une lettre adressée au Président par les deux plénipotentiaires avec la copie de leurs pleins-pouvoirs ; ils demandaient une audience à Boyer. M. Vaur ne voulut remettre cette dépêche, ni au colonel Victor Poil, commandant de la place, ni au secrétaire général ; il fut accompagné au palais avec l’officier de marine. Le Président les reçut avec affabilité et fit répondre à MM. de Las Cases et Baudin, qu’il les recevrait le lendemain dans l’après-midi.

À l’heure prescrite, ces agents arrivèrent au palais où ils trouvèrent Boyer entouré du général Inginac, du général Voltaire, grand juge, et des colonels de la garde et autres officiers[2]. Le Président leur fit un accueil des plus gracieux et répondit aux complimens que lui adressa M. de Las Cases, chef de la mission en sa qualité de membre de la chambre des députés. Après l’échange d’assurances données de part et d’autre, qu’on était disposé à arriver à une conciliation des intérêts de la France et de ceux de la République, les plénipotentiaires furent accompagnés, dans la même voiture qui les avait reçus sur le quai, au consulat français qui était géré en ce moment par M. Cerffber. Là, M. de Las Cases remit au lieutenant Deluy, aide de camp, un billet confidentiel pour le Président à qui il

  1. En partant de la Martinique, la frégate fut escortée par les brigs le Nisus et le Griffon qui vinrent avec elle au Port-au-Prince.
  2. Les plénipotentiaires français avaient pour secrétaire M. Galot, inspecteur des douanes. M. de Las Cases obtint la permission d’emmener à Haïti M, Radiguet, jeune homme qu’il affectionnait, et M. Vaur, qui, déjà connu du Président et de tous les personnages du gouvernement, pouvait le renseigner à leur égard.