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dans les trois premiers mois de chaque année, et versées à Paris en monnaie de France, à la caisse des dépôts et consignations. Le payement de 1838 s’effectuerait immédiatement, en y joignant les 700 mille francs restant dus sur le premier cinquième de l’indemnité.

La première conférence se termina de cette manière, sans aucune discussion de la part des plénipotentiaires haïtiens qui se bornèrent à prendre note de cette proposition. Il était évident que le traité financier allait en occasionner plus que l’autre, à cause du solde de l’indemnité et du mode de sa libération. En conséquence, ils se rendirent au palais, dans l’après-midi du 1er février, afin d’informer le Président de ce qui s’était passé. S’il fut très-satisfait des clauses du traité politique, qui donnait enfin raison aux justes réclamations du gouvernement et du peuple haïtien, Boyer éprouvait une véritable anxiété par rapport au chiffre de 70 millions, que MM. de Las Cases et Baudin avaient dit être celui fixé par leurs instructions : ce qui était réel[1]. En vain les plénipotentiaires haïtiens lui demandèrent l’autorisation d’aller au delà de celui de 45 millions qu’il avait proposé et payable en 45 ans, en lui exposant qu’il n’avait certainement pas entendu notifier en cela un ultimatum au gouvernement français. M. S. Villevaleix, le premier, opina pour proposer 60 millions, et ses collègues l’appuyèrent pour déterminer Boyer qui finit par consentir, quoiqu’à regret, disait-il, mais pourvu qu’on s’efforçât d’obtenir ou 50 ou 55 millions, payables en 30 années au moins. Son consentement fut verbal, mais sa ratification devait tenir lieu de nouvelles instructions écrites.

  1. M. J. Laffitte fit savoir au secrétaire d’État Imbert, par une lettre du 15 octobre 1837, que le gouvernement français fixait le solde de l’indemnité à ce chiffre.