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dans un délai de trois mois, fut alors définitivement adopté.

On passa ensuite à la discussion du solde de l’indemnité, les plénipotentiaires français l’ayant fixé à 70 millions de francs, d’après leurs instructions. Il nous est impossible de produire ici tous les argumens employés par les plénipotentiaires haïtiens pour faire accepter le chiffre de 45 millions, ni ceux énoncés par MM. de Las Cases et Baudin pour s’en tenir à leur proposition. Le général Inginac avait fait demander aux archives de la Chambre des communes tous les comptes généraux de la République depuis 1817, de même qu’il avait fait à l’égard de M. Dupetit-Thouars. On les soumit aux plénipotentiaires français, après que M. S. Villevaleix eût proposé 50 millions. Ils demandèrent que la conférence fût remise au lundi 5 février, et on leur offrit ces comptes généraux pour être examinés dans l’intervalle ; ce qu’ils acceptèrent volontiers. Si l’offre faite de 50 millions dut les porter à espérer que les plénipotentiaires haïtiens finiraient par consentir au chiffre de 70 millions que le ministère français avait fixé, disaient-ils, pour compléter avec le premier cinquième, déjà payé, celui de 100 millions qui avait été consenti en 1824 par MM. Larose et Rouanez, de leur côté les plénipotentiaires haïtiens espéraient aussi que l’examen attentif des comptes généraux les convaincrait de l’exiguïté des ressources de la République, et qu’ils accepteraient 60 millions qu’on était décidé à proposer en dernier lieu[1].

Boyer ne se trouvant pas en ville ce jour-là, ce ne fut

  1. MM. de Las Cases et Baudin avaient eu la loyauté de nous communiquer la copie du rapport fait par M. Dupetit-Thouars, au retour de sa mission en 1835, pour nous prouver que cet officier était plus favorable à l’égard d’Haïti que nous ne le pensions. Nous en conclûmes que, puisqu’il avait émis l’opinion de réduire le solde de l’indemnité à 60 millions, après avoir en connaissance et même pus copie des comptes généraux, il en serait de même des plénipotentiaires de 1838.