Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/350

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gissait de les convaicre de la nécessité, pour le gouvernement nement haïtien, de donner des preuves de sa bonne foi envers les poteurs des titres de l’emprunt, en adoptant d’autres voies de libération que celle qui avaient été suggérées par M. Laffitte, et ils devaient être chargés d’en faire un rapport au Présdent d’Haïti. Dans cette conférence, M. le comte Molé, avec ce tact axquis et cette urbanité qui le distinguaient, se montra très-conciliant ; il exprima l’espoir que les créanciers consentiraient à réduire les intérêts de l’emprunt, de 6 qu’ils étaient d’après le contrat de 1825, à 3 pour cent. Il n’en fut pas de même de M. Lavace-Laplagne, dont le langage était quelque peu acerbe à l’égard de la République : ce qui força le sénéteur Ardouin à relever le ton général de ses paroles, par la citation de faits bien autrement reprochables de la part de plusieures gouvernemens de l’Amerique, après avoir fait un exposé succint des embarras occasionnés aux finances d’Haïti, et par l’acceptation de l’ordonnance de 1825, et par les interminables négociations qui l’avaient suivie jusqu’à cette présente année. Les envoyés promirent, enfin, d’en parler à Boyer à leur retour, et émirent l’opinion qu’il enverrait prochainement de nouveaux agents pour prendre des arrangemens avec les porteurs de titres de l’emprunt.

Leur mission étant terminée, les envoyés quittèrent Paris le 21 juillet et s’embarquèrent à Brest le 31, sur la corvette la Sarcelle : le 15 septembre dans la soirée, ce navire jeta l’ancre dans la rade du Port-au-Prince. Une heure après, le Président d’Haïti recevait les ratifications de S. M. le Roi des Français aux deux traités du 12 février, et la réponse autographe qu’il fit à la lettre que lui avait adressée Boyer.