Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/82

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que les garde-côtes de l’État allaient prendre. Les ouvriers de cet établissement, dirigé par le chef de bataillon Louis Charles, garde-magasin, avaient mis cette poudre dans des barils, et cet officier fut assez imprévoyant pour laisser employer des marteaux de fer à foncer ces barils. Le Président s’en aperçut et fit des observations à ce sujet au garde-magasin, en lui disant de se servir de marteaux de bois, dont on se sert ordinairement dans une opération aussi dangereuse ; et remontant presque aussitôt à cheval, il sortit de l’arsenal avec son escorte. Il y avait à peine cinq minutes qu’il en était sorti, quand une effroyable explosion se fit entendre : un marteau de fer, on doit le présumer, avait fait jaillir une étincelle qui mit le feu à l’un des barils, et les vingt milliers de poudre s’enflammèrent, de même que la quantité qui se trouvait encore dans la salle d’artifice voisine dont la charpente vola en éclat. L’incendie se propagea en un instant dans les autres bâtimens de l’arsenal qui étaient remplis d’objets d’armement et d’équipement : fusils, sabres de cavalerie et d’infanterie, gibernes, etc. Les bâtimens du magasin général de l’État, attenant à ceux de l’arsenal, prirent feu également, et une immense quantité d’objets pour les approvisionnemens de la marine, pour l’habillement des troupes et autres parties du service public : tout fut la proie des flammes qu’on ne put maîtriser, à cause du vent qui soufflait en

    verbalement. Il avait réuni au palais de justice tous les fonctionnaires publics en présence du général Borgella, pour les interpeler sur leurs services respectifs. Il dit que leurs réponses ne furent pas catégoriques, « ce qu’il faut attribuer à la crainte produite par la présence du chef d’arrondissement dont l’autorité et l’influence paraissent tenir tout le monde courbé sous sa volonté, même sors celle des personnes qui l’entourent (ses aides de camp). » Il ajouta « que la justice n’était administrée que sous le bon plaisir de ce général, que les juges consultaient préalablement sa volonté, etc. » Bien d’autres accusations furent articulées dans ce rapport confie le général Borgella. Le Président se borna a lui demander quelques explications sur certains points du service militaire, auxquelles il répondit d’une manière satisfaisante ; et le général Lerebours dut s’en tenu à ses injustes reproches.