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ce moment, malgré les quelques pompes de la ville et celles qui furent envoyées par le commandant de la frégate française, mouillée dans la rade extérieure, avec un grand nombre des matelots de son équipage, dirigés par des officiers. Outre la perte matérielle que ce malheureux événement occasionna à l’État, et qu’on a évaluée à environ 5 millions de piastres, édifices et objets compris, il y péril plus de 30 hommes qui étaient réunis sur le lieu où l’on préparait la poudre : le chef de bataillon Louis Charles et les ouvriers de l’arsenal, le commandant Beaugé, le commissaire de marine Poursaint et plusieurs matelots, ces derniers étant venus pour enlever les barils de poudre. Les membres, les tronçons des corps de ces infortunés furent recueillis à des distances assez éloignées du lieu de ce sinistre, accident.

Ainsi, la vie du Président a couru le plus grand risque en cette déplorable circonstance[1]. Et au mois d’août suivant, il essuya une grave maladie, une fluxion de poitrine qui l’atteignit encore à l’arsenal, en visitant les travaux qu’on exécutait dans les forges de cet établissement, la seule partie qui échappa à l’incendie du 2 février[2]. Presque au même jour, le 21 août, un terrible ouragan frappait Santo-Domingo et toute la partie méridionale du département du Sud-Est : une douzaine de navires de toutes dimensions périrent dans cette tourmente, ainsi que 80 hommes environ de leurs équipages.

L’année 1828 commença, pour ainsi dire, par la constatation de la dépréciation du papier-monnaie émis par le

  1. L’absence du colonel Vian, directeur de l’arsenal, fut peut-être ce qui sauva Boyer en cette circonstance. Ordinairement, il y passait plus de temps quand le directeur y était.
  2. Le Télégraphe du 9 septembre 1827 parla de cette grave maladie de Boyer ; et celui du 30 annonça la mort du général Thomas Jean, arrivée le 26, par une apoplexie. Le colonel Lerebours le remplaça dans le commandement provisoire de l’arrondissement du Port-au-Prince, et fut promu général de brigade peu après.