Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/155

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lets en circulation. On espère pouvoir vous dégager de votre parole, envers le consul de France, en vous persuadant qu’il n’a pas tenu ses engagemens envers vous… »

Ne pouvant recevoir M. Levasseur, le Président chargea le général Inginac de lui dire : qu’il-ne pouvait arrêter les poursuites dirigées contre C. Touzalin par le ministère public, puisqu’il, y avait d’autres prévenus en cause par rapport à l’émission de faux billets, et que ce jeune homme paraissait de connivence avec eux, malgré ses assurances données au consul général. On dut donc attendre la fin de l’instruction commencée. Mais le 24 novembre, la chambre du conseil ordonna l’élargissement de Lapeyre et de l’un des deux Haïtiens, renvoya le second et l’autre étranger au tribunal correctionnel ; et C. Touzalin seul au tribunal criminel[1]. Ce prononcé parut si inique à Boyer, qu’il résolut de relaxer ce dernier à condition de son renvoi du pays, et par suite de relaxer également les deux autres prévenus. Le général Inginac notifia verbalement cette décision à M. Levasseur qui lui dit de retenir C. Touzalin encore en prison, afin de l’embarquer sur le brig de guerre français l’Oreste qui devait partir dans peu de jours. Cependant, le 3 décembre le consul général lui adressa une lettre où il se plaignait, en des termes peu mesurés pour le caractère personnel et officiel du secrétaire général, de la détention continue de C. Touzalin. Cette lettre fut la cause d’une vive aigreur entre eux, le général Inginac venant à penser en outre que, dans sa lettre du 4 novembre au Président, M. Levasseur avait fait allusion à lui. Enfin, le 3 décembre,

  1. Aussitôt qu’il eût été élargi, Lapeyre quitta le Port-au-Prince, Un nouveau locataire de la boulangerie où il demeurait, y découvrit des faux billets de dix gourdes et appela l’autorité judiciaire qui vint les prendre en’dressant procès-verbal. Ces billets étaient semblables à ceux qui circulaient.