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de réaliser l’emprunt de 400,000 piastres[1]. Or, depuis 1826 il avait fallu émettre annuellement une somme plus ou moins forte de billets de caisse pour équilibrer les recettes avec les dépenses ; depuis 1836 les recettes en piastres, effectuées dans les douanes, avaient une destination spéciale : le payement de la dette nationale envers la France. Dans l’actualité et dans l’avenir, pouvait-on se promettre d’opérer une réduction notable dans les dépenses publiques, afin de les porter au niveau des recettes qui s’effectuaient en monnaie métallique, rarement, et presque toujours en billets de caisse ? En vertu de la loi du 20 juillet 1841, le Président avait adressé, en octobre suivant, une circulaire aux commandans d’arrondissement, qui leur ordonnait de mettre en congé de trimestre la moitié de l’armée, afin de ne rationner et de ne solder que la moitié qui resterait au service, pour obtenir une diminution dans les dépenses ; et à peine cet ordre fut-il exécuté, le 1er janvier, que les élections générales des représentans, agitant le pays, forcèrent le gouvernement à le rapporter et à maintenir toutes les troupes sur pied.

C’était donc pendant cette crise politique et au moment où la Chamhre des communes allait se réunir, qu’une crise financière serait tombée sur le pays, pour être exploitée par l’Opposition systématique qui s’acharnait contre Boyer. Avec sa mauvaise foi ordinaire, elle n’eût pas manqué de crier contre l’échange du doublon à 50 gourdes de billets de caisse, tandis que le cours commercial était de 40 gourdes ; après avoir demandé si souvent le retrait

  1. En 1841, les recettes s’élevèrent à 2,510,551 gourdes, et les dépenses à 2,766,583 gourdes ; partant un déficit de 266,032 gourdes comblé par l’émission de 670,800 gourdes de billets de caisse. La récolte donna, en café, 34,115,000 livres ; en coton, 160,000 livres ; en cacao, 640,000 livres ; en tabac, 3,220,000 livres ; en campèche, 45,000,000 livres ; en bois d’acajou, 6 millions de pieds réduits.