Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/265

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ter à Jérémie avec le 19e régiment et la garde nationale, et que les insurgés l’y avaient suivi, il envoya l’ordre à Cazeau de s’emparer de l’Anse-d’Eynaud et de s’y retrancher. Cette mesure militaire devenait une nécessité, en présence de la situation qui se dessinait dans toute la Grande-Anse, comprenant les arrondissemens de Tiburon et de Jérémie. Il était évident que l’insurrection s’y étendait, après avoir échoué aux Cayes. Il fallait donc attendre les dispositions ultérieures, que prendrait le Président d’Haïti. Le commandant Gaëtan n’ayant opposé aucune résistance au passage des, insurgés aux Côteaux, fut arrêté et conduit dans la prison des Cayes.

Il nous faut, ici, expliquer un fait qui a été reproché avec amertume au colonel Cazeau, parce qu’on en a ignoré la cause : celui d’avoir ordonné une décharge de mousqueterie sur les bâtimens de la sucrerie Praslin, quand il n’y rencontra pas les insurgés. On a considéré ce fait comme un acte de vandalisme, à raison du regret que cet officier aurait éprouvé de perdre l’occasion de les faire prisonniers. Loin de là. — Hérard Dumesle, sachant que Cazeau gardait une certaine rancune au président Boyer depuis 1820, pour, n’avoir pas été fait colonel de la garde à la mort d’Eveillard, lui avait proposé d’entrer dans la conjuration qu’il organisa en septembre 1842. Cazeau le voulait bien, mais à condition qu’il aurait été le « chef d’exécution. » Il objecta qu’il ne pouvait se placer sous les ordres de Rivière Hérard, qui n’était pas aussi ancien militaire que lui et qui n’avait que le grade de chef de bataillon. Lorsqu’il reçut l’ordre du général Borgella, de marcher contre les insurgés réunis à Praslin, il fit la confidence de cette proposition à l’administrateur C. Ardouin qui avait été soldat dans les chasseurs à pied de la garde, sous ses ordres, et il lui dit :