Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/31

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sans en diminuer le nombre, afin d’appliquer le chiffre de cette réduction à l’enseignement public[1] ?

Quant à cette série de lois réclamées dans l’adresse, il y en avait déjà sur les différentes matières indiquées ; mais évidemment, c’était là une tactique du chef de l’Opposition pour faire paraître Boyer, aux yeux du peuple, comme négligeant toutes les parties du service public. H. Dumesle proposait une nouvelle organisation des tribunaux civils, en tribunaux de première instance et d’appel, et cela ne doit pas étonner de la part d’un avocat ; mais nous avons dit quelle était l’opinion raisonnée d’un magistrat français à cet égard, approuvant la simple organisation de nos tribunaux civils, et l’opinion de ce jurisconsulte vaut bien au moins celle de ce représentant[2].

Que dire ensuite des deux lois demandées « pour favoriser la propagation des bêtes-à-cornes, et l’exportation de celles de la partie de l’Est ; en indiquant aussi en quels lieux devraient être abattues celles destinées à la consommation intérieure ? » L’esprit insinuant du chef de l’Opposition se décelait dans cette demande ; il voulait y

  1. En octobre 1837, lorsque les plénipotentiaires français étaient annoncés, je m’entendis avec mon frere, C. Ardouin, pour présenter au Président quelques idées sur les finances du pays, en vue des engagemens définitifs qu’on allait contracter envers la France ; mon frère rédigea ce projet. Il consistait surtout à réduire les dépenses relatives à l’armée, à ne solder régulièrement, chaque mois, à ne donner des rations en argent, chaque semaine, qu’aux militaires faisant le service des postes (environ 5,000 hommes dans toute la République), à payer néanmoins les officiers non employés dans les postes, de la moitié de leur solde. Quelques jours après avoir remis ce projet à Boyer, il nous dit qu’il l’avait examiné avec attention, et que c’était le plan qui entrait le plus dans ses idées, parmi tant d’autres qui lui furent soumis ; mais il ne le mit à exécution, en partie, que dans la session de 1841, où une loi fut rendue pour mettre la moitié de l’armée en congé, etc.

    À ceux de mes concitoyens qui croiraient que je me vante incessamment des vues ou des conseils que je soumis à Boyer, j’offre de leur exhiber ce projet dont j’ai garde copie. On ne doit pas oublier, d’ailleurs, que j’ai besoin de me défendre contre toutes les imputations dont je fus l’objet de la part de l’Opposition, pour avoir soutenu le gouvernement, par des considérations politiques qu’il est inutile de dire ici.

  2. Voyez tome 8 de cet ouvrage, dans une note de la page 411, où j’ai rapporté l’opinion de M. Isambert sur notre organisation judiciaire