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crime commis sur lui ; car la combinaison imaginée par les assassins indiquait assez que c’était un crime politique, et des indices vinrent fortifier cette pensée.

Un lieutenant des chasseurs à pied de la garde, nommé Aupont, demeurant au Carrefour-Trutier, à peu de distance de Monrepos, fit savoir aux autorités : que le 1er mai, vers 11 heures du matin, Etienne Manga, étant chez lui, avait dit : « que dans deux ou trois jours, on entendrait tirer des coups de fusil ; que la Chambre des communes allait changer toutes les lois, qu’elle ferait donner 5 gourdes aux soldats pour leur solde, etc. » Dans la soirée du 2, un nommé Candiau alla au palais et demanda à parler au Président ; il lui déclara : qu’Augustin Gabriel lui avait fait proposer par Sannite, sa femme, de se joindre à lui pour piller l’argent qui était en dépôt à la ville Pétion. Dès-lors, le gouvernement fut sur la trace de ce complot de bas étage, — les paroles d’Etienne Manga, chez l’officier Aupont, ne pouvant raisonnablement être interprêtées autrement, que comme des espérances conçues par cette tourbe d’assassins et de pillards, d’après l’adresse de la Chambre des communes, du 27 avril, qui avait produit une grande émotion dans la capitale.

Après avoir entendu Candiau, Boyer donna l’ordre de l’arrêter, ainsi qu’Augustin Gabriel et Sannite, et d’envoyer des troupes à Pétion pour en augmenter la garnison. Le Président fit aussitôt commencer une information judiciaire par le ministère public, pour découvrir les ramifications de cette conspiration[1]. Candiau soutint ses révélations, pendant que les deux autres soutenaient un système de dénégation qui s’évanouit plus tard. Un pistolet, fraîche-

  1. M. Saladin Lamour occupait cette charge près le tribunal civil.