Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/56

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» En vain l’on conteste à la représentation nationale le pouvoir d’opinion. Il y a pourtant vingt ans que, dans cette même enceinte, sur la table de la loi, au milieu des agitations convulsives ; en présence du tyran du Nord, qui secouait la torche des discordes civiles au sein de la République, le Président d’Haïti, de cœur excellent, a proclamé ce pouvoir :

« Citoyens législateurs, dit-il, j’aurai souvent besoin de l’assistance de vos lumières ; et puissé-je toujours vous trouver disposés à me communiquer tout ce qui pourra tendre à consolider l’œuvre de la félicité publique. »

… « Ne nous arrêtons donc pas aux futile résultats d’un choc inattendu et d’une lutte involontaire entre la députation de la Chambre et celle du Sénat. D’un pas ferme, que la représentation nationale marche à l’accomplissement de sa mission d’amélioration, d’ordre et de progrès ; qu’elle jette un voile d’oubli sur tout ce qu’elle peut avoir de griefs à venger, maintenant surtout que le Sénat a lieu de se repentir, puisqu’il dit avoir trouvé dans ses membres le machinateur de toutes ces mésintelligences… »

L’orateur conclut à l’envoi d’une députation auprès du Président d’Haïti, dans le but qui a été dit plus avant. Il est inutile de citer aucun des autres discours qui furent ensuite prononcés, même une simple allocution de H. Dumesle qui parla le dernier ; tous conclurent de la même manière. La députation fut aussitôt formée de neuf membres, parmi lesquels se trouvaient les deux chefs de l’Opposition, et le président de la Chambre adressa un message au Président d’Haïti pour l’annoncer et lui demander le jour où il lui conviendrait de la recevoir. Boyer y répondit le 6 même, qu’une indisposition (il avait la fièvre) s’opposait